13 april 2012

Publié le lundi 9 avril 2012. Écrit par Marcus Boni TEIGA
Le Parc national de la Pendjari, l’une des principales attractions du Bénin, est depuis quelque temps menacé de toutes parts. Le remplacement de son ancien directeur, au mépris même de la procédure de nomination en la matière n’a manifestement pas eu l’air de plaire aux populations riveraines. Et pour cause! Elles ont protesté en vain contre cette situation. Mais en désespoir de cause,  elles ont apparemment baissé les bras et décidé de regarder faire. Ce qui n’est pas de bon augure. Et déjà, la surveillance du parc semble laisser à désirer.

Après avoir célébré le départ de l’ancien directeur, le colonel Djafarou Ali Tiomoko, les anciens braconniers incarcérés à la prison civile de Natitingou, ville du nord-ouest du Bénin située à environ 550 km de Cotonou, et ceux encore en liberté à Tanguiéta laissaient deviner que les activités reprendraient de plus belle. Cela n’a pas tardé. Récemment, c’est plus de 17 bicyclettes appartenant à des braconniers qui ont été récupérés par les gardes forestiers à l’intérieur du Parc national de la Pendjari. Les habitués du parc ont par ailleurs fait état d’un lion blessé par balle qui serait mort. De même, un buffle serait également blessé et serait tombé raide mort sous les yeux de touristes et de leur guide. Avant qu’ils n’aient le temps de prévenir des gardes forestiers pour qu’ils interviennent, le buffle en question aurait disparu. Sans doute emporté par les braconniers qui le suivaient et qui ne devaient pas être loin de là.

Ces derniers temps, nombre de guides touristiques ont fait état de coups de feu à l’intérieur même de la réserve. Ce qui confirme que le braconnage est de retour dans la biosphère de la Pendjari. Quand on sait tous les investissements qui ont été consentis ces dernières années par la coopération allemande, on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir si les autorités béninoises ne prennent pas les mesures énergiques qui s’imposent. Au risque de voir disparaître définitivement certaines espèces rares comme le guépard, l’animal fétiche de la Pendjari, pour lequel les efforts de gestion et de protection du parc ont permis une multiplication progressive de l’espèce. Alors que beaucoup doutaient encore de son existence dans les lieux, plusieurs visiteurs ont pu apercevoir ces derniers temps l’animal emblématique. Et la découverte de plusieurs petits guépards prouvent combien les efforts sont en train de porter les résultats escomptés.

En vérité, ce ne sont pas seulement les braconniers qui menacent la faune et la flore de la Pendjari. Il y a également les bergers transhumants et leurs troupeaux de bœufs. Dans le courant du mois de mars, près de 160 bœufs ont été découverts à la mare Bali en plein cœur du parc. Cette situation inquiétante amène à se poser la question de la surveillance dudit parc, étant étendu qu’un tel troupeau peut être conduit à l’intérieur sans être inquiété puis arrêté avant. Interpellés, les bergers transhumants ont été arrêtés et gardés à Tanguiéta. Mais aux dernières nouvelles, le propriétaire des bœufs serait allé payer une amende pour entrer en possession de son troupeau. Pour autant, cette fameuse amende dont le montant avoisinerait un million de francs CFA, selon nos sources, suffirait-elle à compenser les dégâts réels commis par le troupeau de bœufs sur son parcours à l’intérieur du Parc national de la Pendjari?

En tout cas, il est impérieux de tirer dès à présent la sonnette d’alarme quant aux différents périls qui menacent le parc. Dans le cas d’espèce, il vaut mieux toujours prévenir avant de chercher à guérir après coup, avec de gros moyens financiers dont on sait que l’Etat béninois ne dispose pas. Et même le cas échéant, d’autres besoins des populations sont plus urgents à satisfaire que l’affection -pour cause d’incurie dans la surveillance du Parc national de la Pendjari- des ressources dont on aurait pu faire l’économie. Dont acte.

0 reacties: